Rouge noir et ignorant, première pièce de la trilogie Pièces de guerre d’Edward Bond, raconte l'histoire d'un homme, tué par l'explosion d'une bombe atomique, qui revient de chez les morts pour nous relater des épisodes de la vie qu'il n'a pas vécue. Cette mise à distance d'une vie est prétexte à disséquer les valeurs et la morale qui fondent notre société. Edward Bond dresse le constat de son inhumanité, fruit de l'injustice et de l'oppression à l'œuvre au quotidien. Il montre comment la société, pour assurer sa cohésion, occulte ou nie certaines vérités et nous impose, pour faire de nous de bons citoyens, une vie de violence et d'incroyable indifférence.

Ce texte hors normes, entre pièce didactique, tragédie et farce pulvérise tous les carcans dramaturgiques : personnage, psychologie, structure du récit semblent eux aussi avoir subi le choc nucléaire. Passages du jeu épique au jeu déclaratif, intervention d'un chœur, fragmentation des scènes, éclatement du temps et de l'espace, racontent la tentative d'un homme pour trouver dans les débris d'une société inhumaine l'amorce d'une possible humanité. Ainsi, sur la scène, se matérialise cette question qui traverse toute l'œuvre d'Edward Bond : qu'est-ce que c'est, être humain ?

Fable visionnaire, violente et lucide, Rouge noir et ignorant  par son exceptionnelle force subversive nous ramène à l'origine même et à la raison d'être du théâtre. Elle nous invite, sans illusion, à penser l'avenir.

Gilles Martin, mars 1999

 

ROUGE, NOIR ET IGNORANT

>PRESENTATION

>GENERIQUE

>TOURNEE